Il s’agit d’un coffret contenant 4 bouteilles de rhum de 20 cl chacune soit 80 cl au total.
Le point commun de chacune de ces bouteilles est de contenir le même millésime (1997) provenant de la célèbre distillerie Caroni fermée depuis le début des années 2000. Le rhum a été embouteille brut de fût, c’est à dire sans adjonction d’eau pour faire diminuer le degré d’alcool.
La différence, c’est que chaque bouteille abrite un rhum issu d’un fût différent. Il s’agit précisément des fûts n° 53 (64,4°), 190 (63,0°), 193 (62,3°) et 216 (63,1°). Vous pourrez ainsi comparé l’influence de chaque fût sur le profil du rhum qu’il a hébergé pendant près de 20 ans.
La note de dégustation de Nico
Nez
Le fût #53 a un profil plus léger et le boisé semble bien fortement toasté. Il en ressort une certaine minéralité qui donne à ce Caroni des airs « industriels » à base de goudron et de graisse de moteur. Cependant, et comme souvent, cette particularité finit par déboucher sur des fruits rouges et noirs bien tanniques.
Le fût #190 offre de douces notes de pain grillé et de mélasse aux noix torréfiées et au miel. La typicité goudronnée de Caroni est bien intégrée, tout comme l’alcool, et l’impression de concentration s’exprime par le biais des fruits à coque torréfiés. Ce nez est aussi cendré que rond, il est extrêmement plaisant.
Le fût #193 est puissant et bien droit, avec l’épaisseur et la profondeur d’une pâte de fruits à coque bien gras. Les fruits exotiques ressortent de ce surplus de corpulence et on imagine un rhum lourd et huileux. La concentration de ce rhum lui permet de délivrer une belle intensité, avec un caractère bien affiché, très Caroni.
Le fût #216 est relativement léger en ce qui concerne la typicité goudronnée de Caroni. Le rhum se dirige vers un profil plus « classique », avec du caramel, de la mélasse, du tabac corsé, presque brun. Si le registre de la torréfaction est bien présent, il est bien arrondi. Il ne tire en aucun cas sur le charbon, mais plutôt sur la caramélisation.
Bouche
Le fût #53 est puissant et envahissant, avec une chaleur tout à fait réjouissante. Les fruits à coque et les fruits noirs sont sucrés et oxydés, ce qui amène une sensation à la fois complexe et gourmande aux airs de sherry.
Le fût #190 est franc et plutôt droit, avec des notes de goudron bien fondues et un boisé bien grillé. Equilibré, il détaille les fruits à coque caramélisés ainsi que les fruits noirs dans une sorte de miel fumé.
Le fût #193 est sec et puissant, voici un Caroni qui ne fait pas dans la dentelle, avec des notes d’hydrocarbures et de goudron qui s’engagent sans complexes. C’est par la suite qui fait un demi-tour complet en se faisant très gourmand, presque pâtissier, avec des amandes et des pruneaux.
Le fût #216 doit être le plus sec et boisé des quatre. On perçoit immédiatement une certaine astringence couplée à la force de l’alcool. Le boisé est intense et ardent, on plonge au cœur de ses veines bien végétales et légèrement encaustiquées.
Finale
Le fût #53 est gourmand, avec des noix un peu oxydées et des noyaux qui persistent un bon moment.
Le fût #190 est très fumé en fin de bouche, on ira jusqu’à la charcuterie ou la cendre, avec une bonne longueur.
Le fût #193 est long, gourmand et pâtissier, on a oublié l’orage et les papilles foudroyées des premiers instants.
Le fût #216 est végétal et même médicinal, avec de la résine noire et de l’amertume, il se distingue vraiment des autres en ce sens.
Conclusion
“Une très belle idée que ce coffret, une expérience pédagogique avec 4 supers rhums, où l’on comprend à quel point les fûts d’un même millésime peuvent être différents…”
En complément de notre propre note de dégustation
Voici ce que pense l’embouteilleur de chacun des fûts. À vous de voir lequel des deux profils décrits correspond le mieux à ce que vous percevrez !
– n°53 = nez : acétone, goudron, caramel noir chaud lourd et sucre brun ; bouche : vanille brûlée, sucre muscovado, écorce de pomélo amer. Légèrement sec, presque tanin, grains de café et agrumes doux à la fin.
– n°190 = nez : médicinal, caoutchouc, caramel léger, levure, pommes de terre rissolées et sucre brun ; bouche : très sec, bois brûlé, salé, prune, cerise, cannelle, melon et fruit de la passion.
– n°193 = nez : jus de pomme, levain, cuir, fleurs séchées et algues ; bouche : notes distinctes de sucre muscovado, bananes vertes, pommes pas mûres, notes de tanins légères et fût sec.
– n°216 = nez : pain sec, sucre de canne léger, ananas, dattes et acétone légère ; bouche: pain grillé, daim, pétrole, cacao, bois sec, soufre et paille. Alcool très bien intégré.
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