Chairman’s Reserve 1931 46°

Chairman’s Reserve 1931 est un assemblage sophistiqué de rhums.

90% de ce blend provient d’une mélasse distillée pour une part en alambic Coffey (alambic à colonne ou “patent still” qui permet une distillation en continu) et pour l’autre en pot still en cuivre (alambic à repasse qui permet de produire un distillat plus lourd en arômes).

Fait notable pour Sainte Lucie, les 10% restant proviennent de jus de canne frais fermenté puis distillé en alambic John Dore à double retors.

Le vieillissement est réalisé en fûts de chêne blanc pour une part, et en fûts de porto pour l’autre. Les rhums assemblés ont entre 7 et 12 ans.

La note de dégustation de Nico

Le premier nez évoque une vieille eau-de-vie aux noyaux légèrement oxydés, avec des tanins de raisins fondus et généreux, ainsi que des traces de noix et de rancio. C’est le vieillissement qui parle à l’évidence, on sent à la fois l’âge et l’héritage des fûts utilisés. Une fois cette pellicule craquelée, il se dessine un rhum entier, avec une synergie de notes végétales et fruitées. Encore une fois, ces arômes suggèrent un âge certain, ou tout au moins une certaine maturité. Les végétaux sont secs, comme des aromates résineux ou comme la bruyère, et puis les fruits sont représentés par le zeste d’orange séché. Tout cela est arrondi par un caractère assez rond fait de vanille, de bois tendre et de caramel, pour trouver au final un joli équilibre.

L’aération fait ressortir un rhum plus lourd, à la fois acidulé et profondément aromatique, avec des fruits rouges sucrés et des olives un peu salées. L’équilibre, toujours. Le boisé se nourrit de tout cela avant d’occuper le devant de la scène, riche de tout ce qu’il a assimilé. Quelques épices gourmandes agrémentent la texture du rhum et complètent le profil, alors que le côté sucré et acidulé est maintenant aux prises avec un léger aspect animal.

En bouche, le bois toasté se délivre et prend de l’espace, comme s’il s’était retenu jusqu’ici. Soutenu par les épices et le tabac dans un premier temps, il fond ensuite avec le caramel, puis laisse place à l’ampleur des fruits. Certains font une nouvelle fois appel à la maturité : pruneau, abricot sec, melon très mûr ; d’autres à la fraîcheur et la jeunesse : mûres, pomme, ananas. La vanille s’étale enfin en une vague et recouvre les aspérités du bois et des épices.

La finale revient sur les noyaux des fruits ainsi que leurs tiges, on retient surtout un pruneau à l’eau-de-vie et des raisins secs imbibés de rhum.

« Un très joli travail d’assemblage, aussi bien du point de vue des distillats que des fûts. Un rhum très agréable, à déguster au calme… »