Le nom de ce rhum sélectionné par Chantal Comte est un hommage à la Tour de l’Or, située à Séville au bord du rio Guadalquivir et dessinée sur l’étiquette de la bouteille. C’est en effet à Séville qu’arrivaient les richesses rapportées du nouveau monde par les navires de Christophe Colomb.
Les indications concernant cette cuvée sont détaillées. Il s’agit d’un rhum distillé par La Mauny et élevé dans ses chais, très précisément dans la “loge T”, pour 20% en fûts neufs de chêne français (forêt de Tronçais, dans l’Allier), et pour 80% dans des fûts ayant auparavant contenu du cognac. La mise en fûts a eu lieu le 04/08/2006. Le rhum a vieilli 10 ans en fûts et s’est également “reposé” en cuve inox pendant 12 mois avant d’être finalement mis en bouteille en avril 2017, sans réduction (c’est un brut de fûts).
2000 bouteilles ont été réalisées à partir des fûts sélectionnés pour cette cuvée.
Chantal Comte suggère d’accompagner ce rhum d’un époisses fait “à cœur”, d’un chocolat au piment, ou encore d’un cigare “Robusto” de belle facture.
Il est important de noter également que pour toute bouteille achetée, 1 euro est reversé à l’association Caribaea Initiative (www.carribaea.org), qui œuvre en faveur de la protection de la biodiversité et de la formation universitaire des jeunes naturalistes antillais. Le logo sur la contre-étiquette garanti cet engagement.
La note de dégustation de Nico
Le nez est extrêmement complexe et intense. Le rhum est imposant, droit et frais, surtout boisé mais élégant, avec une multitude d’épices, élégantes elles-aussi. La concentration est palpable, avec une profondeur vertigineuse mais pourtant cohérente, qui ne s’éparpille pas. Lors de la descente, on observe les strates d’épices, de bois frais devenant plus patiné, de tabac, de fruits à coques torréfiés.
Avec le temps et le repos, on continue d’explorer cette profondeur de plus en plus épaisse et charnue. Le côté tranchant et frais du bois et des épices s’émousse au profit de fruits secs sombres et confits. On croise alors de la réglisse, des écorces d’orange, la chair d’une cerise bien noire ainsi que son noyau.
La bouche est saisissante et captivante, elle ne laisse aucune place aux autres sens. L’impression de concentration est plus que jamais présente, le rhum est comme une résine épaisse et collante qui s’empare des papilles pour les assaillir d’arômes boisés et épicés. Pourtant, si l’intensité peut bousculer, l’alcool ne brûle pas, la sensation est plutôt fraîche et le rhum étale ses saveurs torréfiées en gardant tout son exotisme.
La finale est à l’avenant, elle est marquante et gourmande, teintée d’une fumée de torréfaction et de tabac.
“Un rhum agricole comme on en voit peu, c’est-à-dire un brut de fût saisissant et puissant, un monument de concentration…”
En plus de notre propre note de dégustation voici ce qu’en dit Chantal Comte
Nez : sensuel et très harmonieux avec un bouquet d’épices, de l’encens, des touches de vanille et un boisé élégant. La forêt tropicale et humide fait ensuite son apparition avec de l’humus, des fleurs sauvages, du bois d’Inde, des feuilles froissées…
Bouche : on retrouve les épices, mais on a également de l’écorce d’orange confite, un bois de cèdre qui s’invite avec fermeté dans cette palette aromatique complexe, torride, virile et toute en séduction.
Finale : grande persistance.
Silvain D’HOOGHE
Excellent