France Métropolitaine
L’histoire des rhums de France métropolitaine
Le début du XIXème siècle a vu la levée des droits de douane prohibitifs destinés à protéger les alcools métropolitains comme le cognac ou l’armagnac. Le rhum a gagné en popularité auprès des troupes Napoléoniennes, puis les vignobles français ont été dévastés par le phylloxéra. S’en est alors suivi un âge d’or pour les négociants qui ont créé nombre de marques de rhum depuis les ports de Bordeaux, du Havre et de Marseille entre 1850 et 1950.
Aucune distillation n’était réalisée en métropole à l’époque, tous rhums du marché étaient des assemblages de rhums de Martinique, de Guadeloupe, de la Réunion et parfois de Jamaïque. Les rhums blancs étaient transportés par bateau dans les fûts de vin de France qui avaient été vidés dans les colonies. Arrivés en France, les rhums étaient dilués, colorés et aromatisés, et ce parfois très fortement (caramel, cuir, et même viande…). Les assemblages étaient constitués de rhum grand arôme, de rhum agricole ou de rhum de mélasse.
Parmi ces marques, on peut citer Saint James, qui a été créée à Marseille par un certain Mr Lambert (qui possédera ensuite la distillerie du même nom en Martinique), mais aussi Negrita (Bardinet) ou Charleston (Marie Brizard).
Les rhums de France métropolitaine aujourd’hui
Quelques héritiers de l’âge d’or des négociants sont toujours présents et tiennent une place très importante sur le marché. La nouvelle génération née du nouveau boom du rhum des années 2010 connait elle-aussi un certain succès, dépassant même parfois ses ainés par une reconnaissance internationale.
On peut citer La Compagnie des Indes, installée dans le Jura, qui réalise des assemblages très bien ficelés comme le West Indies ou le Caraïbes. Elle retravaille ses rhums en France en les affinant notamment dans des fûts divers et variés, comme dans la série des Boulets de Canon qui explore les arômes fumés et qui compte des finitions en fûts de whisky.
Plantation effectue un travail similaire en repassant des rhums du monde entier dans les fûts de Cognac Ferrand, sa maison mère, et en ajoutant une « sauce » maison faite de sirop de sucre de canne vieilli. Divers assemblages et finitions sont également effectués, comme l’overproof OFTD ou ce rhum du Belize affiné en fût de Porto.
Autre maison de la région de Cognac, les Bienheureux. Cet ancien dirigeant d’Havana Club et son associé réalisent des assemblages de rhums d’Amérique du Sud et des Caraïbes destinés au monde de la mixologie qu’ils connaissent bien. C’est ainsi qu’est née la gamme Embargo, et c’est aussi de cette manière qu’a été créée la gamme des Pasador de Oro, des rhums du Guatemala retravaillés en fûts de Cognac.
Guillaume Ferroni s’inscrit quant-à lui en plein dans la tradition Marseillaise. Il retravaille ses rhums blancs en Dame Jeanne, pratique des doubles maturations avec des fûts de Rye Français (Cuba 2011) et réalise des assemblages de plusieurs origines (Rosé rhum blend, Tasty Overproof), avec parfois des aromatisations originales (Rhum miel et safran).
Il est également à l’origine du renouveau de marques de négoce venues du passé, avec Manikou et Old Manada. Il pousse même le bouchon encore plus loin en distillant ou en redistillant des rhums chez lui, à Aubagne, ce qui donne lieu à de véritables rhums de France Métropolitaine. C’est le cas de la Guildive 1800 ou des Ciseaux par exemple.
Dans la tradition des grands voyages transatlantiques, les rhums Transat font voyager des rhums de Martinique en bateau, pour leur faire bénéficier d’une seconde maturation en fûts de Côte de Beaune (Bourgogne).
Autres passionnés de rhums et de spiritueux, les frères Julhès tenant les épiceries du même nom ont implanté la première distillerie de Paris depuis la fermeture de la dernière il y a 100 ans. Ils y élaborent donc de multiples alcools et eaux-de-vie depuis 2015, et bien entendu de véritables rhums Français, à base de mélasse ou de Galabé de la Réunion.
Le boom des micro-brasseries qui sont ensuite devenues micro-distilleries a également amené son lot de nouveaux rhums de métropole. C’est le cas d’O’Baptiste à Valence, de Bows à Montauban, ou de Muse de France à Vichy qui font tous des rhums de mélasse Bio importée de Thaïlande.
Il existe une autre catégorie de rhums élaborés en France métropolitaine, et non des moindres car c’est sans doute la plus représentée et la plus active aujourd’hui : Les rhums arrangés et épicés.
Le pionnier du rhum arrangé, ou tout au moins celui qui a connu le plus grand succès, se trouve en région nantaise. Il s’agit de Cédric Brément et de ses Ti arrangés de Ced. Le rhum arrangé ananas Victoria est devenu un classique, et les dizaines d’autres macérations qui ont suivi ont toutes été des réussites. Citons nos chouchous qui sont : le vanille macadamia, le berligou cacao ou encore le fameux Point G affiné dans les marais salants.
La très ancienne maison Bigallet, productrice de sirops et de liqueurs depuis 1872 à Lyon, propose également une gamme étendue de rhums arrangés à base de rhum agricole AOC de Martinique.
Citons enfin un rhum épicé très réussi. À base de gingembre, le Spytail est élaboré à Cognac selon une recette du XIXème siècle. Lire moins
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