Irlande
Souvent présentés comme les pionniers du whisky, les irlandais et leurs fameux whiskeys font partie des incontournables de l’univers malté. L’Irlande jouit d’un savoir-faire séculaire et est, depuis quelques années, en plein renouveau. Une bonne raison de s’y intéresser de plus près.
Le whiskey irlandais à jamais le premier ?
La légende veut que l’Irlande ait accueilli l’Uisce Beatha (eau-de-vie) dès le Vème siècle (432) via l’évangélisation du pays par Saint-Patrick. Toutefois, il semble plus opportun d’évoquer 1170, date à laquelle le roi d’Angleterre Henry II, en pleine invasion, découvre le whiskey irlandais. Sa consommation semble alors avérée lors des combats et il devient un emblème national, accompagnant la vie des citoyens irlandais.
Le whiskey irlandais, à l’instar du scotch voisin, connait alors des collectes de taxes difficiles et une florissante distillation illicite. En effet, les petits alambics, très nombreux, permettent la fabrication de Poteen, un alcool distillé à partir de pommes de terre ou de grains. Initialement destiné à la consommation privée, il est interdit de 1661 à 1997.
La distillation légale existe (Kilbeggan, notamment) mais elle ne s’est pas encore totalement imposée.
Comme dans toutes les nations historiques du whisky, l’Irlande du début du XIXème siècle, qui vient de rejoindre le Royaume-Uni, voit l’émergence des grands empires (Power, Jameson).
Le développement de l’industrie s’accompagne de progrès technique, avec notamment l’invention d’un alambic à colonne, le Coffey Still. Aneas Coffey, était un ancien inspecteur des douanes irlandaises qui déposa un brevet en 1830.
Un XXème siècle difficile
L’entrée dans le XXème siècle marque la fin de la mainmise de l’Irlande sur le monde du whisky. Auparavant vigoureuse sur la scène internationale grâce aux exportations, elle est reléguée derrière l’Écosse tandis que le nombre de ses distilleries est drastiquement réduit.
Ceci est dû principalement à la guerre d’indépendance de 1919 et surtout à la prohibition américaine, durant laquelle les contrefaçons brisent l’image du whiskey irlandais sur ce marché-phare qu’était les Etats-Unis.
Après la seconde guerre mondiale, le réveil est compliqué et il faudra attendre 1966 pour que trois des quatre distilleries irlandaises en activité s’unissent pour former UDI (United Distilllers of Ireland), bientôt rejoints par Bushmills dans les années 1970. C’est durant cette décennie, en 1975, que le complexe de Midelton (réunissant Jameson et Power) voit le jour.
On assiste alors à un retour progressif du whiskey irlandais, Bushmills et Midelton étant seules jusqu’à l’arrivée de Cooley en 1987.
Entre tradition et modernité
De nos jours, le whiskey irlandais se montre sous divers visages rappelant à la fois ses racines et ses envies de mutation.
La triple distillation que l’on ne trouve quasiment qu’en Irlande, est représentée par deux piliers : Bushmills et Midleton. C’est ce style emblématique, léger et fruité, qui imprègne encore l’imaginaire collectif des amateurs de whisky.
Pourtant, la troisième distillerie « historique », Cooley, opère à contre-courant avec une double distillation et même des versions tourbées (Connemara).
Autre exemple : le Pure Pot Still, le whiskey irlandais traditionnel, se compose à l’origine de diverses céréales, évitant ainsi au producteur de payer de fortes taxes sur le malt. Or de nos jours, seule Midleton a préservé cette méthode, utilisant de l’orge maltée et de l’orge non maltée, couverte par une nouvelle dénomination datant de 2011, « Single Pot Still ».
Il faut également préciser que le whiskey irlandais possède, à l’instar des whiskeys américains, beaucoup de marques qui ne correspondent par à des nomes de distillerie ou qui sont des assemblages de whiskeys de plusieurs distilleries. On peut ainsi citer Connemara, Redbreast, Jameson, Tulamore Dew…
Enfin, il faut noter que l’industrie du whiskey irlandais est en plein boom avec une recrudescence de nouvelles distilleries à travers tout le pays : Dingle, Kilbeggan, West Cork, Blackwater, Connacht, Echlinville, Glendalough, Great Northern, Rademon Estate, Waterford, Teeling, Tullamore, Walsh Whiskey Distillery… On atteint ainsi désormais une trentaine de distilleries. Lire moins
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